Dimanche après-midi, nous avions décidés de sortir de la ville et d'aller vers Papenoo au trou du souffleur (aussi appelé Arahoho) et aux trois cascades en compagnie des Rota. Nous prenons donc la route direction Tiarei à une vingtaine de kilomètres de Papeete coté Est. Une fois sur place, nous comprenons pourquoi l'endroit porte ce nom: c'est un phénomène surprenant, conséquence du bruit engendré par les vagues qui s'engouffrent dans les trous de la côte rocheuse. La mer pénètre dans les tunnels souterrains creusés par l'érosion sous la route du bord de mer et resurgit de l'autre coté dans un souffle très puissant et de "vapeur d'eau" (jet blanc sur la photo). Le bruit qui accompagne ce souffle est impressionnant, plus la houle est forte, plus le spectacle est grand.
Puis direction les trois cascades non loin de là à Te Fa’auruma’i, ce lieu est vraiment d'une beauté reposante, il regorge d'une végétation luxuriante et de cours d'eau rafraîchissants.
La balade qui nous mène de cascade en cascade emprunte de petits sentiers et est parcourue de ponts de bois , les enfants furent impressionnés par la hauteur des cascades. Le circuit fut effectué en 1h30 environ et fût suivi d'un petit goûter avant de prendre la direction de la pointe vénus.
Cet endroit est le berceau d'une légende que nous vous faisons partager:
"Il y a très longtemps, une très belle jeune fille vivait à Tiarei. Elle s’appelait Faunai. Elle avait à peine 17 ans et comme les filles de son âge, elle aimait orner ses cheveux de fleurs. Chaque matin, en compagnie de ses amies, elle parcourait les vallées afin de cueillir des feuilles et des fleurs qui lui servaient à faire des couronnes.
Son père, le grand chef Marurai, l’adorait. Jaloux et cruel, il n’autorisait aucun homme à s’approcher d’elle, il la faisait accompagner dans ses promenades par deux de ses meilleurs guerriers.
Dans la vallée, Faunai et ses compagnes rencontrèrent Tua, un beau jeune homme qui passait par là. Tua, qui ignorait le “tabu” (l'interdit), se précipita vers Faunai, lui arracha des mains la couronne de “maire” (fougère ornementale) qu’elle tenait et s’enfuit en riant. Sans hésitation, les gardes se lancèrent à sa poursuite, le rattrapèrent et le tuèrent…..
Faunai se réfugia auprès de sa mère malade. Quelques mois plus tard, elle retourna dans la vallée avec une de ses amies, pour cueillir des plantes médicinales pour soigner sa maman qui était bien malade.
Elles rencontrèrent un autre garçon qui s’appelait Jvi, parce qu’il était maigre à faire peur, il cherchait lui aussi des plants pour se soigner. Faunai eu pitié de lui. Elle eut envie de lui venir en aide, mais il y avait les deux guerriers. Comment faire?
Elle eut une idée, elle demanda à son amie de se cacher et de hurler afin d’attirer les gardes. Dès que les cris retentirent Faunai ordonna aux gardes d’aller voir ce qui se passait. Elle en profita pour rejoindre Jvi. En la voyant, le garçon pâlit encore plus.
- N’aie pas peur. Je suis Faunai
- Je le sais, mais tu es tabu (interdite), éloigne toi avant l’arrivée des gardes
- Je suis ici pour t’aider à trouver les herbes qui te guériront
- Non! va-t-en!! je ne veux pas être mis à mort comme Tua….
- eh bien, puisque tu as si peur, viens, suis-moi, personne ne pourra nous voir
Faunai saisit Jvi par la main et l’entraina dans la forêt. Ils ne marchèrent pas bien longtemps. Soudain, ils entendirent des appels lointains. C’étaient les guerriers, qui avaient compris la ruse et qui recherchaient la princesse. Jvi, épuisé, devait s’arrèter souvent pour reprendre son souffle. Les appels se faisaient plus proches.
- Mon pauvre Jvi, nous sommes perdus. Que puis-je faire pour te sauver
- Rien, retournes auprès des gardes. Laisse moi mourir seul
- Non, si tu dois mourir, je mourrai avec toi
- Es-tu décidée à rester avec moi jusqu’au bout?
- oui
- alors, s’il en est ainsi, Faunai, je vais te dévoiler mon secret, je ne suis pas Jvi, le malade. Je suis le bon génie de cette vallée. Dans quelques instants nous serons pour toujours prisonniers des cascades. Sur ces mots, ils se collèrent à la parois rocheuse et Jvi se transforma en un beau jeune homme. Soudain, un bruit assourdissant emplit l’espace. Du haut de la falaise deux énormes masses d’eau se déversèrent recouvrant entièrement Faunai et Jvi.
Quand les guerriers arrivèrent au fond de la vallée, ils découvrirent deux splendides cascades. Leurs eaux limpides glissaient sur la roche et venaient se rejoindre dans deux charmants bassins. Depuis ce jour là, Jvi et Faunai restèrent cachés derrière les chutes. On appela ce lieu Fa’auruma’i. Quand aux guerriers, ils ne peuvent jamais regagner le village car, au retour, une troisième cascade, les engloutit."
Voilà, vous en connaissez au moins autant que nous maintenant!!!